French Abstract: Le droit connait plusieurs contextes dans lesquels une personne détient des pouvoirs juridiques, tout en n’étant pas habilitée à les utiliser pour son propre bénéfice. Ces situations existent en droit privé (par exemple, le fiduciaire ou l’administrateur du bien d’autrui) et en droit public (par exemple, un juge ou l’administrateur d’une institution publique). Un pouvoir détenu dans une telle situation ne peut être utilisé que pour la réalisation de sa finalité. Toute autre utilisation est un détournement illégal. Le droit a besoin de concepts et d’un langage aptes à décrire ces contextes d’abnégation et à les distinguer des situations où une personne a le droit d’agir entièrement dans son propre intérêt. Ce chapitre explore et compare deux systèmes conceptuels qui visent à remplir ce besoin. Le premier système est celui du droit civil québécois, dans lequel un ‘droit’ est une prérogative juridique que le détenteur est libre d’utiliser dans son propre intérêt et un ‘pouvoir’ est une prérogative juridique qui doit être utilisée pour la poursuite d’un but ou un intérêt d’autrui. Le deuxième système est celui développé par W.N. Hohfeld, dans lequel ‘droit’ et ‘pouvoir’ se distinguent plutôt par les résultats qu’ils sont aptes à produire sur le plan juridique. Dans ce système, qui a été largement adopté dans la common law, les pouvoirs et les droits peuvent tous deux être détenus pour le propre intérêt de leur détenteur ou pour une finalité désintéressée