Evolution de la structure des prix et impact sur les inégalités de niveau de vie à Antananarivo de 1990 à 1997
Non seulement, les mouvements de prix sont susceptibles d'affecter le pouvoir d'achat des ménages, surtout lorsqu'il s'agit de biens de subsistance comme le riz à Madagascar, mais par le biais des changements de prix relatifs entre produits s'opère une redistribution du pouvoir d'achat. Des inégalités peuvent être générées par de simples évolutions de prix dès lors que les ménages consomment des paniers de composition différente. L’étude présentée a pour objet de mesurer l’impact des changements de prix relatifs sur le bien-être des ménages à un niveau micro-économique. Ce travail a été réalisé à partir d'une enquête sur la consommation des ménages, menée dans le cadre du projet MADIO dans la capitale malgache entre 1994 et 1995, et des indices de prix de 1990 jusqu’au milieu de l’année 1997. Sur cette période, la dynamique des prix à la consommation a été affectée par la décision de flottement de la monnaie du 9 mai 1994. Cette mesure qui a provoqué en quelques mois une dépréciation de 50 % du franc malgache a pesé lourd sur l’évolution des prix. De plus, le pays est engagé depuis le milieu des années 1980 dans un processus de libéralisation de son économie, et de suppression du contrôle des prix à la consommation - et à la production- par l'appareil étatique, dans le cadre d’un plan d’ajustement structurel. Il s'agit donc de déterminer dans quelle mesure ces changements ont affecté les prix relatifs des produits et donc la distribution du pouvoir d’achat entre les ménages. L'analyse l développe une méthode de mesure de l’impact redistributif des changements de prix, inspirée de la théorie de la taxation optimale et développée notamment par Newbery (1995), pour le plus grand nombre de produits présents dans les données de l’Enquête sur la Consommation des Ménages utilisée (phase 3 de l'enquête 1-2-3) et pour lesquels nous disposons d’un indice de prix. Les travaux antérieurs du projet MADIO ont mis en évidence la baisse du pouvoir d'achat des ménages et les changements des comportements de consommation face à la crise. Les résultats présentés ici montrent que pour un nombre important de produits, et particulièrement pour le riz et d'autres produits de première nécessité, les changements de prix relatifs d'une année sur l'autre ont eu un impact non négligeable, positif ou négatif, sur le bien-être des ménages. La variation de bien-être annuelle totale est surtout négative pour la période 1993-1994. La redistribution au détriment des plus pauvres qui est constatée cette année-là du fait principalement d'une évolution très défavorable du prix relatif du riz vient s'ajouter à la dégradation du pouvoir d'achat des ménages estimée par une autre analyse à 16%. Ces considérations mettent en évidence l'importance et l'enjeu des politiques de prix à mener pour éviter une dégradation des inégalités et du niveau de vie des ménages.