Soutenabilité de la dette extérieure. De la théorie aux modèles d'évaluation pour les pays à faible revenu
La mise en oeuvre d'une initiative de réduction de la dette des pays pauvres très endettés par les organisations internationales incite à approfondir les problèmes concernant la soutenabilité de la dette de ces pays. En effet, les choix techniques effectués conduisent à retenir certains pays, et à en écarter d'autres. Or les méthodes pratiques utilisées pour évaluer la soutenabilité de la dette de ces économies sont discutables, pour deux raisons : • le renouvellement des analyses de la croissance, notamment dans les cadres des diverses théories de la croissance endogène. • les économies les plus pauvres présentent des spécificités qu'il est difficile de laisser de côté lorsqu'on évalue leur solvabilité. Il faut notamment citer ce niveau le caractère très concessionnel des financements reçus, le fait que l'Etat soit le seul emprunteur à l'extérieur et qu'il n'ait accès qu'à des financements d'organismes spécialisés. Cette dernière caractéristique implique que l'analyse de l'impact de la dette doit porter sur une période très longue, car les remboursements seront étalés sur plusieurs dizaines d'années. Sur des périodes aussi longues, les approches modélisées de la croissance présentent des limites du fait qu’elles prennent difficilement en compte les modifications structurelles qui accompagnent le processus de développement. Ces modifications devraient normalement comprendre celles du financement extérieur. En effet, le développement, à partir d’un certain stade, devrait pouvoir ouvrir l’accès aux marchés internationaux des capitaux – et réduire le recours à l’aide publique au développement.. Tout ceci devrait inciter à n’utiliser qu’avec beaucoup de précautions les résultats d’études menées suivant les méthodes financières classiques, lorsqu’il s’agit d’établir un pronostic sur la soutenabilité de la dette des pays les plus pauvres.